PETITS POINTS ET GRANDE HISTOIRE

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document de Gerhard Neukum et ses collègues (pdf), et image de Kaguya d'une zone très cratérisée au pole nord
La Lune se serait formée il y a 4.5 milliards d'années lors d'une courte période d'accrétion avec une intense activité de cratères d'impact. Le taux élevé de cratérisation a diminué au cours des 500 millions d'années qui ont suivi puis plus lentement jusqu'à devenir à peu près constant au cours des 3 derniers milliards. Au cours des 25 dernières années, une importante controverse a été de savoir s'il y avait eu ou non il y a environ 3.9 milliards d'années une intense mais brève période de formation de cratères d'impact au cours de laquelle se seraient formés les grands bassins et de grands cratères. Cette hypothèse a été développée à partir de la datation radiométrique autour de 3.9 milliards d'années de matériaux d'impact fondus et d'autres échantillons de roches choquées prélevés par les missions Apollo. La plupart des scientifiques lunaires semblent accepter l'hypothèse d'un Grand Bombardement Tardif (LHB: late heavy bombardment) mais des synthèses en vue d'un prochain colloque montrent que d'autres chercheurs se posent des questions. Gerhard Neukum et ses collègues ont examiné la distribution des âges des échantillons choqués ramenés par Apollo et des météorites lunaires - des morceaux de Lune éjectés par des impacts et tombés sur Terre. S'ils constatent bien un pic des âges autour de 3.9 milliards d'années, ils trouvent également des preuves d'impacts antérieurs. Les échantillons des missions Apollo 14 et 15 présentent une forte concentration à 3.9; ces missions ont échantillonné des éjectas d'Imbrium. Apollo 16 et 17 étaient loin d'Imbrium; leurs échantillons de roches choquées datent aussi de 3.9 mais ils ont également enregistré d'autres grands évènements datant de 4.1 et 4.2. Les météorites lunaires - qui présentent un échantillonnage plus large que les missions Apollo n'ont pas de pic à 3.9 mais montrent que de grands impacts - formation de grands cratères - se sont produit bien avant et après cette époque. Ces synthèses et d'autres en vue de conférences à venir confortent l'idée que les sites d'alunissage d'Apollo et les échantillons qui y ont été prélevés ont été fortement contaminés par les éjectas de l'impact Imbrium, renforçant le pic des 3.9 milliards d'années. Peut-être n'y a-t-il jamais au de grand bombardement tardif. Nous avons besoin, pour répondre, d'étudier des échantillons prélevés loin d'Imbrium. Ce serait bien de revenir en arrière...

Chuck Wood
(traduction Gérard Coute)



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